Co-fondateur de Djamo, une start-up fintech qui propose une solution de paiement numérique flexible qui permet d’effectuer des transactions en ligne à travers une carte bancaire Visa ou une application mobile. Régis Bamba est un tech-entrepreneur ivoirien formé à l’université de Townson, aux Etats-Unis. Il est titulaire d’un Master en informatique. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, lors de la présentation du 3ème « Guide des salaires » rédigé par le Cabinet Grey Search Africa, le 16 janvier 2025, il parle de la place des TIC et du capital humain dans la croissance de son entreprise.
Pour rappel, Djamo a levé en 2022, 14 millions de dollars de fonds pour poursuivre son développement et faire face aux défis de l’inclusion financière en Afrique de l’ouest.
Comment expliquez-vous le tout digital chez Djamo ?
Aujourd’hui, tout est digitalisé chez Djamo, depuis le recrutement et le processus d’entretien jusqu’à l’organisation en interne. Nous avons des logiciels de réajustement pour évaluer la performance, pour définir les objectifs, pour gérer toutes les tâches administratives. Et tout ça permet un gain de temps pour tout le monde, que ce soit pour les clients, les collaborateurs et l’employeur. Aujourd’hui, il n’y a vraiment aucune raison de ne pas aller à la digitalisation.
Avez-vous eu besoin de l’intelligence artificielle pour développer votre business ?
Je dirai oui, définitivement ! Grâce à l’intelligence artificielle, nous avons pu accroitre la productivité de nos équipes. Nous arrivons à faire des tâches que nous ne faisions pas auparavant ou qui nous prenaient assez de temps. Grâce à l’IA, nous faisons toutes ces tâches beaucoup plus rapidement et le rendu est de bonne qualité. L’IA nous aide à mieux fonctionner au sein de Djamo. Nous l’utilisons, par exemple, pour offrir de meilleures réponses à nos clients, pour détecter de la fraude ou pour prédire le comportement de certains clients par rapports à certains usages sur le produit. Nous sommes aussi capables de générer du contenu image, audio et vidéo, et je pense que pour les industries créatives, ce sont des opportunités pour obtenir un go-market beaucoup plus rapide.
Au niveau de la gestion des hommes, quel est votre secret pour attirer et retenir les talents ?
C’est très compliqué de trouver des talents aujourd’hui. Mais je pense qu’il faut d’abord construire une bonne marque employeur. Ce qu’on appelle « personal branding » et créer un environnement de travail sain. Autre chose, il faut avoir du talent, mais le talent seul ne suffit pas. Il faut aussi créer des challenges qui motivent les collaborateurs à se surpasser. Et il faut exposer ce qu’on fait. C’est ce qui permet d’attirer les bons profils et d’éviter les tun-over permanents.
Pour vous donner un aperçu, lorsque nous sommes face à des volumes de données, nous mettons cela en avant lorsque nous avons des entretiens pour susciter cette envie chez le candidat à venir voir ce qui se passe chez nous. Or, les candidats avec ce genre de motivation sont rares. Nous sommes une start-up, nous avons besoin de compétence pointue. Aujourd’hui, le cursus scolaire et l’école classique ne sont pas adaptés à ce type de technologie. Donc, ce que j’attends des candidats, c’est de continuer à se former, de rester à la page car les choses évoluent rapidement.
Mais comment faites-vous pour retenir les talents dans votre entreprise ?
Les candidats ont des profils différents. Nous avons des personnes qui veulent une stabilité, d’autres qui veulent challenger. Pour nous startups, ce sont ces derniers qui correspondent le mieux à nos besoins. Le challenge, c’est de maintenir un environnement très stimulant et boostant pour les équipes afin que, tout le temps, elles soient en train d’essayer de progresser. Donc, moi mon défi, c’est de continuer à créer un environnement sain et stimulant pour mes équipes, leur donner des challenges et leur donner les ressources pour y faire face. Mais, au préalable, il faut définir la vision dans laquelle tout le monde doit s’inscrire dans l’entreprise.
Vous voulez dire que tout n’est pas une question d’argent ?
Absolument pas, il faut créer l’environnement qui va avec pour permettre à ses collaborateurs d’évoluer au niveau personnel et professionnel et puis nous devons continuer à former les ressources locales pour les emmener à avancer progressivement.
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Eugène Yao