Pascale Kwaminan épse Asman est une bloggeuse engagée pour la promotion de la femme. Elle est aussi chargée de communication, spécialiste en droit de la femme. Elle occupe, en ce moment, la présidence de l’Association des bloggeurs de la Côte d’Ivoire (ABCI). Pour elle, le blogging connait une baisse d’activités, certes, mais il reste une opportunité pour la jeunesse ivoirienne.
Quels sont les principaux challenges des blogueurs ivoiriens ?
Le principal challenge auquel font face les blogueurs ivoiriens, c’est l’adaptation. Le blogging est une activité d’écriture web. Mais, avec l’évolution du temps, il faut savoir s’adapter. Aujourd’hui, on se rend compte sur internet, sur les médias sociaux, que les influenceurs web ont pris le dessus. Donc, le véritable défi auquel les bloggeurs font face, c’est de s’adapter, adapter leur contenu à l’évolution du numérique, à l’évolution du monde.
Selon vous, le blogging peut-il être considéré comme un moyen d’insertion professionnelle et d’autonomisation ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que le blogging permet de mettre en lumière les compétences d’une personne. Lorsque vous détenez un blog, on peut déterminer le type de personne que vous êtes. L’écriture mettra en évidence vos compétences. Le blog est en quelque sorte le nouveau CV. Si vous détenez un blog, vous avez plus de chance d’être inséré.
Le blogging est-il une activité rentable en Côte d’Ivoire ? Si oui, pourquoi ?
Le blogging peut être une activité rentable. Tout dépend de comment le blogueur prend au sérieux son activité. D’abord, on ne vient pas au blog parce qu’on veut se faire de l’argent. La première chose qui doit motiver la création d’un blog, c’est la passion. Vous devez être passionnés par ce que vous faites dans la mesure où vous ne pouvez pas acquérir la notoriété du jour au lendemain.
La notoriété du blogueur se construit au fil des jours, des mois et des années. Au fur et à mesure que vous allez écrire, vous allez vous faire connaître. Ce que le blogueur vend, c’est son audience, le nombre de followers, sa communauté. Plus vous avez des personnes qui vous suivent, qui aiment ce que vous faites, plus vous avez de chances d’être contactés par des marques, des entreprises qui veulent communiquer sur votre blog.
Toutefois, un blogueur ne doit pas se contenter d’écrire, il doit déployer toute une stratégie. Son « personal branding« entre en ligne de compte. C’est une stratégie qu’on met tout autour de la création du blog.
Comment une activité qui était juste une passion peut faire partie des Journées mondiales reconnues par l’Onu ?
Tout part de l’impact que le blog a sur la société. C’est une journée, célébrée dans le monde entier. C’est une journée importante. La société accorde du crédit aux blogueurs compte tenu de leur impact sur elle. Il y a des bloggeurs qui ont changé la donne dans certains pays. Si la société elle-même reconnaît que le blog est important, il faudrait qu’on y mette du sérieux.
Comment l’Association des bloggeurs de Côte d’Ivoire (ABCI) contribue-t-elle au développement de l’écosystème du blogging en Côte d’Ivoire ?
Au-delà de l’activité principale qui est le blogging, nous avons à cœur d’apporter un changement. Vous allez voir qu’on mène beaucoup d’activités en direction de la jeunesse. Nous sommes dans l’éducation, la formation des jeunes. Nous avons lancé un programme qui s’appelle le Blog Académie pour faire d’eux des créateurs de contenus originaux, et des créateurs de contenus de qualité sur diverses thématiques. En plus de cela, nous avons deux activités, dont la tournée des écoles, toujours dans le sens de la formation.
Comment voyez-vous l’écosystème du blogging en Côte d’Ivoire dans les 10 prochaines années ?
Ces dernières années, le blogging a régressé. Les blogueurs écrivent de moins en moins. On se contente de rester sur les médias sociaux. À l’origine, le blogueur a un blog où il écrit, et les réseaux sociaux lui servent le relai. On veut des blogueurs qui créent des contenus de qualité, donc d’ici à 5 ans, avec le travail que nous faisons au sein de l’ABCI, on veut qu’il y ait des blogueurs de qualité qui vont impacter positivement la société. D’ici à 5 ans, je vois le blogging se positionner comme un pilier central du développement de notre pays.
Votre mot de fin svp pour cet interview 100% digitale ?
Merci à l’équipe de Digital-MagTV pour l’invitation. Merci pour cette lucarne qui nous permet de faire connaître le blogging. Il faut dire que ces dernières années, il y a beaucoup d’amalgames sur la question. À chaque fois qu’on peut, on veut donner des informations justes sur l’activité du blogging. Comme je le disais tantôt, le blog est une chance pour la jeunesse ivoirienne. On voudrait que la nouvelle génération s’intéresse à cette activité parce qu’en plus de l’écriture pour apporter un changement, c’est un moyen d’insertion professionnelle et d’autonomisation de la jeunesse.
Entretien réalisé
Par Abou Kam avec Aida Nounty Soro