L’ARTCI a organisé un atelier de réflexion, les 4 et 5 juin 2025, à son siège à Abidjan, pour repenser l’avenir du secteur postal à l’ère du numérique. L’un des panels portait sur le thème : « Digitalisation des services postaux : Enjeux et Rôle du régulateur ». Lors des échanges, les panelistes ont partagé leur vision sur la transformation numérique, ce qu’elle implique en termes de défis et comment le régulateur peut accompagner La Poste de Côte d’Ivoire dans cette transition.
Digitalisation des services postaux : quels défis ?
Dans sa vision de Zéro papier d’ici 2030, l’Etat de Côte d’Ivoire œuvre à digitaliser tous les services publics, dont La Poste. Mais comme on peut s’y attendre, cette digitalisation s’accompagne de défis. Esmel Meledje Gaston, représentant du ministre du Commerce et de l’Industrie, le souligne dans son intervention :
« Pour permettre au secteur postal de tirer pleinement profit de la digitalisation et de l’essor du commerce électronique, je pense qu’il y a plusieurs défis qui s’y présentent, et ces défis-là sont de plusieurs ordres. On a des défis d’ordre structurel, technologique, organisationnel, réglementaire et culturel à relever. »
Selon lui, la poste de Côte d’Ivoire doit moderniser ses infrastructures existantes, comme les agences postales, pour qu’elles intègrent les nouvelles technologies. Il ajoute qu’elle doit digitaliser tous les processus internes qui permettent d’assurer les services postaux, requalifier les postes de travail en reconvertissant les employés aux nouvelles compétences numériques, plutôt que de supprimer des emplois.
« L’idée, ce n’est pas de supprimer ces postes-là, mais c’est de faire en sorte que ces postes-là, on les reconvertisse en tenant compte de ce paramètre qui est la digitalisation« , indique-t-il.
Le cadre réglementaire est aussi à prendre en compte. C’est même, pour lui, l’un des gros défis à relever. Moderniser le cadre réglementaire pour l’adapter à la digitalisation permettra d’encadrer la concurrence mais aussi d’assainir le secteur. Ce n’est qu’en relevant ces défis que la poste de Côte d’Ivoire pourra pleinement tirer profit de la digitalisation.
Faire de La Poste un tiers de confiance numérique
La Poste de Côte d’Ivoire a déjà entamé sa transformation digitale. Ghislain Lagarde, manager de la Business Unit Poste Numérique, donne l’exemple de la filiale qu’il dirige. La Business Unit Poste Numérique a été lancée en juin 2017 dans le but d’accélérer la digitalisation du secteur postal. Et de juin 2017 jusqu’à présent, elle a mené plusieurs activités. Parmi elles, l’exploitation de plateformes e-commerce comme « documents.ci« , pour commander des documents officiels et « maposte.ci« , pour apporter une meilleure assistance et de nouveaux services aux clients.
Le manager de la Business Unit Poste Numérique explique qu’à moyen terme, La Poste de Côte d’Ivoire souhaite digitaliser l’ensemble des procédures et processus internes. Cela prend en compte l’ajout de fonctionnalités numériques aux produits existants, tels que la banque postale, les courriers. À long terme, elle ambitionne de devenir un tiers de confiance numérique pour les entreprises et le gouvernement, en collaboration avec l’ARTCI (Autorité de Régulation des Télécoms/TIC de Côte d’Ivoire).
Dans les années à venir, le « cachet numérique de la Poste » doit avoir la même valeur légale que le cachet physique. C’est notamment l’un des objectifs que La Poste vise.
Rôle du régulateur : permettre l’accessibilité et la disponibilité des services numériques
Mais quel est le rôle de l’ARTCI dans ce processus de digitalisation ? Adou Joséphine, directrice de la régulation postale, répond :
« Quand on parle de digitalisation, je pense qu’on parle de numérisation, ça veut dire que les services digitalisés doivent être à disposition des populations. Les populations doivent pouvoir avoir accès à ces services postaux digitalisés. »
Toutefois, cette accessibilité implique la prise en compte des outils et équipements nécessaires. Lesquels ne sont pas toujours à la portée des citoyens.
Pour que les populations puissent réellement utiliser ces services, elle fait savoir qu’il faut prendre en compte leur capacité financière à accéder aux services et aux équipements mais aussi leur capacité physique à utiliser ces services. Il faut aussi miser sur l’éducation et la formation des individus afin qu’ils puissent manipuler et utiliser ces outils numériques. Tout en les sensibilisant pour qu’ils s’intéressent aux services numérisés et les adoptent.