Dans un monde de plus en plus connecté, le smartphone occupe une place centrale. Mais, à quel point ce compagnon technologique influence-t-il nos vies et nos interactions sociales ?
Les smartphones sont devenus des compagnons indispensables, présents à chaque instant de notre quotidien. Que ce soit pour communiquer, s’informer, se divertir ou même travailler, ces appareils sont des extensions de nous-mêmes. Mais cette disponibilité permanente peut créer une frontière floue entre vie professionnelle et vie personnelle. Du reste, la tendance à consulter son téléphone régulièrement peut entraîner une baisse de productivité.
Une génération envoûtée par le smartphone
« À cause de mon téléphone, j’ai failli me faire virer. De 7h30 à 17h30, j’étais sur mon téléphone, et pour être honnête je ne travaillais pas. Je passais mon temps à surfer sur internet, à regarder la vie des influenceuses. Je ne suis pas seule dans ce cas. J’ai l’impression que notre génération a été envoûtée par les smartphones. On discute à peine entre nous, on préfère se parler via WhatsApp. Même au restaurant, chacun est sur son repas, les yeux dans le téléphone. L’atmosphère n’est plus conviviale à cause de ces appareils qui nous éloignent les uns et des autres », déplore Cecilia Kouadio commerciale dans une entreprise de la place.
Et elle ajoute : « Au travail, à la différence des autres qui font des efforts pour atteindre leurs objectifs en fin de journée, moi je venais jouer avec mon téléphone. J’ai eu une mise à pied qui m’a fait de réfléchir. Venant d’une famille pauvre, je me demandais comment j’allais continuer d’aider ma mère si on me renvoyait. J’ai pris conscience, mais j’avoue que c’est toujours aussi compliqué de pas toucher à mon appareil pendant la journée. Ça devient une punition pour moi, mais je pense que c’est un mal nécessaire ».
Le smartphone tue la vie de couple
Les smartphones ont transformé nos interactions. Dans les relations amoureuses, ils sont désormais des instruments de séparation. Le témoignage de Grâce N’zong, commerçante gabonaise vivant à Guiglo, est édifiant : « Avant, je m’en foutais pas mal du téléphone, je voulais juste communiquer. Mais depuis un moment, j’en suis devenue accroc. Je passe mon temps à faire des vidéos, des statuts à n’en point finir. Mon compagnon détestait ce comportement. Je n’avais plus de conversation avec lui. Je me retrouvais à faire des TikTok comme une adolescente. Mes copines se plaignent, mais je mets cela sur le compte de la jalousie. J’avais quand un iPhone 11 et elles non ».
« Une fois mon compagnon a vu mon compte Tiktok, il a été déçu des vidéos que je publiais. Certains commentaires m’insultaient, me traitaient de grande femme qui ne se respecte pas, d’autres demandaient mon numéro, certains me traitaient de trainée. Moi, ça ne me gênait pas, mais mon homme si. Il a mis fin à la relation, et m’a demandé de réfléchir à ce que je voulais de ma vie. Figurez-vous que j’ai pris conscience 5 mois après, mais c’était trop tard, je l’avais déjà perdu. Aujourd’hui, j’ai 36 ans, et je n’ai pas de relation sérieuse. J’ai gâché la seule relation sérieuse que j’avais à cause du smartphone », regrette-t-elle.
Les moments de détente perturbés par les smartphones
Les repas en famille, les sorties entre amis ou même les moments de détente sont corrompus par l’attention constante portée aux smartphones. Ce qui soulève des questions essentielles sur notre capacité à vivre pleinement le moment présent, à maintenir des relations authentiques et à préserver notre concentration. Sandra de la Vigne, étudiante franco-ivoirienne dans une université de la place, raconte son expérience.
« Je dis tout à ma mère, c’est elle ma confidente. Quand j’ai eu mon smartphone, cela a commencé à m’éloigner d’elle. J’écrivais tous mes secrets dans la note de mon iPhone. Pendant les sorties, j’étais sur mon téléphone à échanger avec mes potes. Cela a créé un gros malaise chez ma mère. Elle m’en a parlé et j’ai constaté que mon addiction à mon appareil l’a faisait souffrir. J’ai appris à faire la part des choses, et depuis lors, ça va mieux », confie-t-elle. En fin de compte, sommes-nous maîtres de ces outils ou des esclaves de leur omniprésence ?
Aida Soro