Marc Aurèle Diarrassouba est le directeur général adjoint de TINITZ, l’entreprise qui a développé la plateforme Presse Côte d’Ivoire. Dans cette interview exclusive, il parle des opportunités offertes par les technologies numériques et l’IA pour les entreprises et dans les différents usages de la vie. Mais aussi des défis à relever.
Pouvez-vous présenter la société TINITZ ?
TINITZ est un intégrateur de solution intelligente, spécialisé dans la conception de dispositifs interactifs, le développement d’applications tactiles et la digitalisation des systèmes d’information.
Quelle est la vision de TINITZ ?
TINITZ a, à cœur, de mettre la technologie au centre de l’usage humain, de démocratiser la technologie de manière à ce qu’elle serve de façon concrète et diverse. TINITZ est l’acronyme « Technologie Initialiser ». Nous initialisons la technologie pour la mettre entre les mains des utilisateurs.
Quels sont les principaux services de TINITZ ?
TINITZ intervient dans trois grands domaines d’expertise.
Tout d’abord, nous concevons des solutions digitales pour accompagner la transformation et la digitalisation des systèmes d’information, modernisation des infrastructures et optimisation des processus métiers.
Ensuite, nous proposons des solutions de connectivité avancées, intégrant la domotique, les habitats intelligents et l’automatisation des bâtiments, pour une gestion centralisée, performante et sécurisée.
Enfin, nous sommes également équipementier en technologies interactives, spécialisés dans la conception et la fourniture de solutions sur mesure tels que des bornes interactives, écrans tactiles et dispositifs de communication digitale innovants.
Quels types de clients ou secteurs d’activité accompagnez-vous aujourd’hui ?
Nous accompagnons tous types d’organisations, publiques comme privées. À ce titre, nous collaborons notamment avec le ministère de la Communication et le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI) dans le cadre de projets stratégiques tels que Presse Côte d’Ivoire et le développement de la borne presse digitale.
Au-delà de ces partenariats, nous intervenons sur diverses problématiques internes en proposant des solutions digitales sur mesure, adaptées aux besoins spécifiques de chaque structure.
Quelle est la valeur ajoutée de TINITZ sur le marché africain du numérique ?
TINITZ se positionne comme un apporteur de solutions très pratiques. Nous voulons sortir de la théorie, de l’effet « waouh » qu’on entend souvent dans les tribunes et qui peignent les technologies comme de grandes avancées. Nous initialisons la technologie pour qu’elle serve à l’être humain.
Travaillez-vous sur des technologies émergentes comme l’IA, la Blockchain ou l’IoT ?
Il faut dire que l’IA est une thématique qui est présente depuis un moment dans tous les panels et toutes les conférences. Chez TINITZ, depuis 2018, nous avons commencé à travailler avec l’intelligence artificielle, notamment avec le projet Presse Côte d’Ivoire. Il s’agissait de commercialiser les journaux en format PDF sur une plateforme. Nous avons travaillé sur un outil d’archivage qui permet à chaque usager de saisir une requête sur un modèle d’IA et d’obtenir des informations locales pertinentes.
Avez-vous des projets phares qui illustrent votre impact ?
Nous avons le projet Borne Presse Digitale qui est le troisième volet du projet Presse Côte d’Ivoire. L’idée est d’installer des kakemonos digitaux, c’est-à-dire des écrans LED, dans toutes les administrations ivoiriennes. Ainsi, toute personne pourra, à l’aide de son smartphone, flasher un QR code et avoir accès à l’intégralité des journaux de Côte d’Ivoire. Cette solution va décentraliser l’accès aux journaux et, dans un avenir proche, permettre de disposer d’une bonne base de données de la presse ivoirienne. Ensuite, des revenus seront générés depuis le smartphone de l’utilisateur. Ce projet pourrait intéresser les étudiants qui ont besoin de contenus en lien avec leurs études. Au final, le projet Borne Presse Digitale va créer cet élan avec l’intelligence artificielle.
Quels sont les principaux défis de la transformation digitale en Afrique ?
Je les réduis à la stratégie des données. Ce qu’il faut savoir, c’est que la donnée est l’élément central de l’intelligence artificielle. L’Afrique a la possibilité de travailler sur l’archivage et la sécurité de ses données. Je pense qu’avec la nouvelle loi sur la protection des données à caractère personnel, nous sommes en train de définir notre modèle de gestion des données qui nous permettra d’acquérir des modèles d’IA étrangers qui seront, cependant, en lien avec nos réalités. Le modèle que je propose, c’est de travailler sur l’archivage de nos contenus historiques. Ensuite, l’intelligence artificielle nous permettra d’aller au-delà, de conserver et d’archiver ces données numériquement.
Pour ce qui est de la transformation digitale, les défis sont à plusieurs niveaux. L’intelligence artificielle permet aller un peu plus vite. Mais, le préalable de la transformation digitale, c’est l’identification et la sécurisation des données. À partir de là, on peut aller vers un modèle spécifique d’intelligence artificielle ou des systèmes plus structurants pour gérer ces données.
Quel rôle des entreprises comme TINITZ peuvent-elles jouer dans l’inclusion numérique ?
Chez TINITZ, nous sommes reconnus comme des acteurs de référence dans les domaines du Smart Building, de l’Habitat Connecté et de l’intégration de solutions digitales.
Nous plaçons l’innovation locale et les talents africains au cœur de notre démarche, en intégrant à nos équipes des jeunes compétents à travers des recrutements en stage ou en emploi direct.
Notre engagement se traduit également par une présence active dans de nombreux événements dédiés à la tech et à la digitalisation, où nous valorisons à la fois les solutions technologiques et les porteurs de savoir-faire.
Nous croyons en une Afrique capable de conserver ses génies et de valoriser ses compétences au service de son développement numérique.
Comment voyez-vous l’évolution du numérique en Afrique dans les 5 à 10 prochaines années ?
L’évolution est assez intéressante parce que beaucoup de personnes parlent du numérique. Aujourd’hui, la thématique est bien relayée à travers des forums, des panels et des séminaires. Le ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation fait son travail. Je pense que, dans les années à venir, nous aurons de vrais champions locaux qui apporteront des solutions répondant aux attentes des usagers locaux. Je pense qu’en Côte d’Ivoire, nous sommes vraiment en train de jeter les bases pour devenir ce champion régional de l’IA et de la numérisation des entreprises.
Un message aux jeunes entrepreneurs africains qui souhaitent investir dans le digital et aux décideurs ?
C’est un domaine très porteur, mais ne perdons pas de vue que l’entrepreneuriat est une discipline assez difficile. La passion seule ne suffit pas. Il est important de bénéficier d’un certain accompagnement. A ce niveau, il y a de nombreux modules de formation, des séances de coaching, des institutions qui se sont constituées pour accompagner ces jeunes entrepreneurs. J’invite donc les jeunes entrepreneurs qui ont une passion et un savoir-faire à s’approcher de ces organisations pour bénéficier d’un accompagnement. Aux décideurs, je lance un appel à tous ceux qui ont des finances parce que l’entrepreneuriat demande beaucoup de financement.