Touré Aly, spécialiste IT depuis 1998, est conseiller technique en charge du système d’information auprès du Directeur général de la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale). Pur produit de l’INSET (Institut national supérieur de l’enseignement technique-INP-HB de Yamoussoukro), il en est sorti avec un diplôme d’ingénieur en électronique. Plus tard, il fera un DESS en réseaux téléinformatiques. Ses débuts professionnels sont, en 1995, à Shell, puis à Sourtech Group, avant la CNPS en 2017. Là, il pilote la transformation digitale. « Nous essayons, avec beaucoup d’innovations, d’apporter un service de qualité aux acteurs sociaux et aux employés de la CNPS », dit-il dans cette interview exclusive à Digitalmag.CI
Quelles sont vos principales missions à la CNPS ?
Ma mission est d’accompagner la CNPS dans sa transformation digitale, tant sur le plan interne qu’externe. En interne, il s’agit d’aligner tous les investissements que nous faisons en termes d’infrastructures informatiques. Mais, si vous n’avez pas une bonne compréhension du métier, vous ne pouvez pas le servir efficacement, vous ne pouvez pas créer des services accessibles à nos clients que sont les assurés sociaux et les employeurs. Donc, il faut, au préalable, comprendre le métier avant d’apporter des innovations.
Quels sont les enjeux de la gestion des systèmes d’information à la CNPS ?
Il y a plusieurs enjeux, mais le plus important, c’est d’avoir une accessibilité et une interaction très facile et sans délai avec les assurés sociaux et les employeurs. Vous savez, avant la mise en ligne d’un certain nombre de services, dans nos agences, nous avions des files d’attente d’assurés sociaux et d’employeurs qui venaient pour des déclarations, des prestations. Un assuré social ou un employeur pouvait passer la journée à attendre. Or, ce n’est pas le type de service que nous souhaitions offrir. Quand vous avez un nombre d’assurés sociaux qui augmente d’année en année, et que vos agences ne peuvent pas accueillir cette croissance, alors, vous obligez les gens à passer une journée entière sans travailler.
Ça, ce n’est pas contribuer efficacement à l’économie du pays. Il fallait donc trouver d’autres solutions pour faciliter l’interaction entre les assurés, les employeurs et la CNPS. Mais il fallait aussi faciliter le travail aux clients en interne, c’est-à-dire à nos collaborateurs, parce que si un de nos collaborateurs doit recevoir des gens toute la journée, il n’aura pas le temps de s’occuper de ses tâches quotidiennes internes. La transformation digitale est, de ce point de vue, faite pour faciliter les échanges entre nous en interne et, bien évidemment, entre la CNPS et ses assurés sociaux.
Comment la CNPS intègre-t-elle la digitalisation dans ses processus ?
La digitalisation des entreprises se fait par un plan stratégique de développement. Ce plan stratégique de développement est communiqué par le Conseil d’administration. Et il est basé sur une vision claire et des missions claires du Conseil d’administration. Comme vous le savez, la CNPS a un Conseil d’administration, constitué d’employeurs, de syndicats de travailleurs et de l’État de Côte d’Ivoire. Ce sont eux qui définissent le plan stratégique de développement. Ensuite, ce plan est décliné en schéma directeur. Nous avons donc un schéma directeur du système d’information.
Ce schéma directeur du système d’information nous donne l’architecture à mettre en place pour faciliter la transformation digitale de la CNPS. Les choses sont suffisamment claires. C’est un plan qui est fait sur cinq ans et c’est ce plan que nous déroulons. Ce plan est aussi mis à jour régulièrement parce que les besoins du métier changent, les besoins de nos partenaires changent et la technologie change. Il faut donc s’adapter à ces changements.
Quels sont les principaux projets de votre schéma directeur ?
L’un des plus grands projets dans le schéma directeur est de transformer le cœur de métier de la CNPS. Quand on parle de cœur de métier, on parle du système de gestion. Nous avons un système qui est assez spécial. Vous savez, le secteur de la sécurité sociale est un secteur particulier. Vous n’allez pas trouver plusieurs entreprises dans la sécurité sociale. Dans les pays comme le nôtre, la sécurité sociale est créée ou garantie par l’État lui-même. Ce n’est donc pas une entreprise commerciale pour laquelle vous allez trouver un logiciel sur le marché, l’acheter et venir l’implémenter.
Vous devez donc concevoir le logiciel. L’un des plus gros projets, c’était la conception de ce qu’on appelle la gestion de la relation client. Ce progiciel a été développé en fonction des caractéristiques éthiques que nous avons. Vous savez que la sécurité sociale est réglementée par des lois qui donnent l’orientation. Donc, nous développons nos logiciels en tenant compte de ces éléments. C’est pour cela que nous sommes particuliers, parce que la loi peut changer à tout moment. Et dans ce cas, il faut implémenter à nouveau. Ensuite, notre cœur de métier, il fallait le mettre à jour puisqu’il était basé sur les anciennes technologies et il ne répondait plus aux ambitions de la CNPS et à l’évolution que nous voulions adopter.
Après avoir développé ce progiciel, nous devions changer toute notre infrastructure parce que l’ancienne ne pouvait pas non plus supporter le nouveau logiciel. Il fallait donc changer notre infrastructure, il fallait l’adapter. Enfin, comme vous le savez, aujourd’hui, parmi les enjeux du numérique, l’un des plus grands défis, c’est la cybersécurité. Il fallait aussi mettre en place tous les éléments sécuritaires pour pouvoir sécuriser le nouveau logiciel, et sécuriser, en fait, l’interaction avec nos partenaires.
Interview réalisée par Alakagni Hala