La vidéo de l’accident de l’artiste ivoirien Molare a abondamment circulé sur les réseaux sociaux. Or, en Côte d’Ivoire, une seule entreprise est autorisée à collecter ce type d’images. Y a-t-il eu fuite de données à caractère personnel ? Quelques éléments de réponse.
Le mercredi 2 juillet 2025, dans la commune de Cocody, à Abidjan, un accident tragique s’est produit impliquant l’artiste ivoirien Molare et une jeune femme, Tolah Elise. Celle-ci, violemment percutée, a, hélas, perdu la vie des suites de ses graves blessures. Ce drame a fait grand bruit, en grande partie en raison des images et vidéos capturées par les caméras de vidéosurveillance.
En Côte d’Ivoire, les caméras de vidéosurveillance sont gérées par Quipux Afrique
Au-delà de la tragédie humaine, la diffusion des images de l’accident soulève une question de fond liée à la protection des données à caractère personnel. Comment la vidéo s’est-elle retrouvée sur les réseaux sociaux ? En Côte d’Ivoire, c’est connu, seule la société Quipux Afrique a accès aux caméras de vidéosurveillance et de vidéo-verbalisation installées sur les grandes artères du pays. Ces dispositifs sont d’ailleurs fournis et gérés par ladite société. Or, comme toute entreprise opérant sur le territoire ivoirien, Quipux Afrique est soumise aux lois et régulations locales.
Parmi ces lois, la Loi sur la protection des données à caractère personnel adoptée en septembre 2021. En son article 19, cette loi dispose que : « Les données à caractère personnel doivent être traitées de manière confidentielle et être protégées, notamment lorsque le traitement de ces données comporte des transmissions de données dans un réseau ». Le cas échéant, l’article 20 précise : « Lorsque le traitement des données à caractère personnel est mis en œuvre pour le compte du responsable du traitement, celui-ci doit choisir un sous-traitant qui apporte des garanties suffisantes pour la protection et la confidentialité de ces données. » Voilà qui est clair !
Y a-t-il eu fuite de données à caractère personnel ?
Que s’est-il alors passé pour que, quelques minutes après l’accident de l’artiste Molare, les images de vidéosurveillance se retrouvent sur les réseaux sociaux ? Comment les internautes ont-ils pu avoir accès à cette scène de l’accident émanent de l’une des caméras de vidéosurveillance de la société Quipux Afrique sur des informations confidentielles autour de Molare, personnalité publique, et de la victime, Tolah Elise ? Ou alors ces images proviennent-elles vraiment des caméras de vidéosurveillance ? Dernière question : s’agit-il de vidéos relayées par des caméras privées, non régulées ? Autant de questions qui appellent des réponses des autorités chargées de la gestion des caméras de vidéosurveillance.
Au moment où la Côte d’Ivoire et plusieurs pays africains adoptent de plus en plus la technologie de vidéosurveillance pour garantir la sécurité publique, il faut rappeler à tous la réglementation sur la protection des données personnelles. Si cette loi n’est pas respectée, c’est la porte ouverte à toutes les dérives sur la diffusion d’images censées être protégées et seulement mises à disposition des autorités dans le cadre d’enquêtes judiciaires ou de sécurité nationale. Et à cette allure, ceux qui se livrent à cet exercice nous auraient tous à leur merci pour toute sorte de faits insolites.



































